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A partir de 9 janvier 2024, le Sud-Africain VEDOVATO expose une sélection de 19 œuvres issues de sa série Millennials.

Né à Johannesburg et établi depuis peu à Genève, VEDOVATO est un artiste singulier dont la spécificité réside dans l’exploration de la contemporanéité à travers un dialogue sophistiqué entre couleur et matière.

Avec les œuvres exposées à l’Envers du décor, il propose de revisiter les archétypes de l’univers Disney-Lantz non seulement d’un point de vue ludique, mais aussi avec un sens introspectif comme le montre le choix du titre de sa série, les Millennials. Il interroge de la sorte le lien qui persiste entre l’image innocente de l’enfance et sa traduction mentale à l’âge adulte.

Connus aussi sous l’appellation de génération Y, les Millennials ont toujours vécu dans un monde informatisé, par l’intermédiaire d’un écran que VEDOVATO restitue ici à l’aide de la transparence de la résine. Ses glacis emprisonnent définitivement la matière de ses œuvres tout en la laissant voir, écho inattendu du cercueil de verre de Blanche Neige.

Car voir est essentiel pour les Millennials pour lesquels le visuel joue un rôle de plus en plus important. Ils vivent dans un monde en continuelle transformation, encapsulé par l’artiste grâce à la variété de sa palette. En réaction à l’instabilité de leur époque, les Millennials ont tendance à s’enfermer dans un cocon rassurant, représenté notamment par les personnages de dessins animés. A la recherche d’une succession intarissable d’images agréables, ils raisonnent le figuratif seulement en termes d’impact émotionnel apaisant. Ils réactualisent ainsi de manière permanente la mythologie visuelle infantile et élèvent de ce fait au statut de référence culturelle des simples images de divertissement.

Le millennial s’accroche à l’enfant intérieur. Il refuse de quitter le monde émerveillé de son enfance. Il est encore capable de ressentir de la joie innocente, à laquelle renvoient les confettis qui construisent les silhouettes des personnages. Les Millennials sont toujours des enfants dans le corps d’un adulte et, souvent, des adultes sans enfants. On les dit individualistes, alors qu’ils peinent à se projeter dans la procréation. On les dit incapables d’engagement, alors qu’ils sont des éternels enfants. Ils sont souvent perçus comme immatures, alors qu’ils vivent tout simplement une vie différente. La société les condamne pour leur mode de vie non conventionnel. Ils sont jugés car ils refusent de se conformer, de rentrer dans le rang et d’en devenir un simple QR code, symbole actuel du consensus et de la bien-pensance. Ils sont en fin de compte le reflet d’une société atrophiée, détestant ceux susceptibles d’éprouver encore du ravissement et capables de se connecter à leur enfant intérieur.

VEDOVATO parvient ainsi à associer deux aspects qui semblent n’avoir aucun point en commun : la psychologie de l’homme-enfant, toujours connecté à l’inconscient, et la peur consciente du jugement à l’âge adulte, qui nous force à nous séparer de notre propre individualité. Il propose un jeu entre le spectateur et l’artiste qui passe par l’évaluation psychologique des personnages qui se donnent à voir. Pourquoi avoir choisi Woody Woodpecker, par exemple? Pour son excentricité ou pour son individualisme ? Il réussit de ce fait à capter le spectateur tout en le provocant à réfléchir par lui-même à son propre inconscient (le freudien Unbewusste).